Où va la BnF ?

Second (rapide) billet sur le rapport de l’Inspection générale des finances, ou plutôt sur les réponses de la BnF, par la voix de son président Bruno Racine, à ce rapport.

*La réduction du nombre de sites

Contrairement aux propositions de l’IGF, la BnF refuse de se séparer de la bibliothèque-musée de l’Opéra, qu’elle considère comme faisant partie à part entière du département de la Musique. Ce dernier devrait rester au 2, rue de Louvois alors que l’IGF suggère la revente de l’immeuble.

La BnF réaffirme également la plein appartenance de la bibliothèque de l’Arsenal à l’établissement, bien qu’elle ait besoin d’un « projet scientifique et culturel rénové ».

En revanche, les choses pourraient changer au château de Sablé-sur-Sarthe (centre technique coûtant très cher et inadapté) et surtout à la maison Jean-Vilar d’Avignon : la BnF pourrait ne pas se maintenir sur le site si le fonds Jean-Vilar ne lui était pas dévolu.

*Gallica, Google et ces sortes de choses…

L’IGF regrette que la BnF aille de plus en plus vers une numérisation quantitative avec des critères essentiellement négatifs (non-numérisation pour des questions de conservation…) et recommande une meilleure mise en valeur des spécificités de l’établissement, une numérisation rapide des supports fragiles très demandés (presse, audiovisuel) et des collaborations avec d’autres bibliothèques.

La BnF va donc
*augmenter singulièrement la part des documents issus des départements spécialisés (2009-2011)
*donner accès de manière payante à des documents encore sous droit au sein même de Gallica en relation avec les éditeurs (et participer à la création de la base de données européenne des oeuvres orphelines avec des suggestions pour les inclure dans Europeana)
*transformer Gallica en une « Bibliothèque numérique de France » (le mot est d’eux), outil collaboratif enrichi par les pôles associés

Surtout, la BnF rappelle qu’elle a toujours été en contact avec Google et annonce la possibilité d’une « éventuelle collaboration » avec trois conditions
*elle porterait sur les oeuvres du domaine public (au moins jusqu’au verdict du procès Google)
*elle ne serait qu’un complément pour éviter la dépendance à Google (mais tout de même en se réservant la possibilité de définir le corps principal en fonction de la nature de ce complément…)
*limiter les restrictions d’accès aux acteurs commerciaux

La BnF suggère de confier à Google la numérisation de ses doubles et elle obtiendrait en échange les fichiers de numérisation pour insertion dans Gallica ainsi que l’ensemble des fichiers des livres francophones numérisés par Google en Europe et aux Etats-Unis. Du gagnant-gagnant, surtout pour le lecteur.

Je passe sur les questions d’organisation interne – remarquons seulement que la BnF refuse la gratuité du haut-de-jardin préconisée par l’IGF. On voit également ici et là apparaître des projets de mise en valeur des personnels de la BnF, notamment en liaison avec la recherche (création d’un centre de recherche à proximité du Quadrilatère Richelieu rénové ?), ce qui est une excellente chose tant l’expertise scientifique est peu considérée actuellement et tant cela est utile au rayonnement national et international de l’institution.

Cette entrée a été publiée le 19 septembre 2009 à 08:44. Elle est classée dans Bibliothèques numériques, Relation au lecteur, Relation aux tutelles et taguée , , . Bookmarquez ce permalien. Suivre les commentaires de cet article par RSS.

3 réflexions sur “Où va la BnF ?

  1. Le , O. Morand a dit:

    J’ai parcouru le rapport de l’IGF et je me suis arrêté sur le glossaire. Eh bien la définition du catalogage (p. 72) est entièrement reprise de l’article « Catalogue de bibliothèque » de l’encyclopédie Wikipédia. C’est peut-être le cas d’ailleurs d’autres définitions.

    • Aaaaah, Finkielkraut nous avait pourtant bien prévenu : Internet c’est mal et ça rend les gens bêtes. Si même l’IGF plagie et copie allègrement, où va le monde, mon brave Monsieur… ?

  2. Pingback: Bibliothèques numériques : et l’usager ? « À la Toison d’or

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