« Mémoires » et pas « souvenirs ». Ce n’est pas l’envie qui m’en manque mais je ne vous entretiendrai ni des mémorables matches de ping-pong, ni des charmants ours de la Tête d’Or (saluez-les de ma part).
L'enssib
Les élèves conservateurs de la promotion Albert-Londres (DCB 17) prennent leur poste dans quelques semaines : l’enssib a mis en ligne leurs mémoires d’études dans sa bibliothèque numérique. J’ai l’impression que seuls les meilleurs mémoires sont mis en ligne mais cela ne retire rien au mérite d’ensemble. L’impression d’ensemble est extrêmement favorable et certains travaux sont véritablement remarquables. Deux de ces travaux ont déjà donné lieu à des publications dans le BBF, ce dont nous nous réjouissons : le renouvellement des auteurs est une bonne chose, surtout quand ils se fondent sur un véritable travail de recherche, fiable et profond.
Contrairement à ce que j’avais pensé dans un premier temps, le découplage du stage et du mémoire d’étude aura donc été une bonne chose. L’enssib joue ainsi son rôle naturel de moteur de la réflexion professionnelle.
Que lirez-vous donc sur les plages cet été ?
*Signe de la professionnalisation croissante de la formation, un seul et unique mémoire porte sur l’histoire de la profession – ce qui est un peu dommage dans la mesure où il n’existe guère d’autre lieu pour engager une telle réflexion. Le mémoire de Guillaume Lebailly, Vers une pensée modernisée du métier de bibliothécaire : le cas du Manuel pratique de Léo Crozet revient sur la grande période de mutation du métier qu’a été le début du XXe siècle, à travers l’exemple d’un manuel de référence. L’auteur démontre tout ce que peut apporter un regard critique sur ces livres techniques qui n’ont pas grande importance en tant que tel mais sont les témoins de pratiques quotidiennes et d’un état intellectuel de la profession.
*Le mémoire de Marie-Aude Aumonier, Signalement et valorisation des reliures sur le Web. État des lieux et perspectives pose certainement plus de questions qu’il n’offre de réponses. Plus qu’à se mettre au travail…
*Plus technique mais diablement fécond, le mémoire de Romain Wenz, L’avenir des catalogues. Formats, données, outils, usages. Nous aurons certainement l’occasion d’en reparler, tant les choses sont appelées à évoluer de ce côté.
*D’un point de vue pratique, dans Quand la bibliothèque se livre. Bibliothèques et édition : fausses amies ou vraies partenaires ?, Marie-Hélène Petitfour revient sur la bibliothèque comme éditrice d’ouvrages, d’actes de colloques ou de catalogues d’exposition, ce qui peut être particulièrement utile dans le patrimoine.
*Il y a enfin certainement beaucoup à apprendre du mémoire de Mathilde Servet, Les bibliothèques troisième lieu : les mutations qui se font jour ne doivent certainement pas être réservées aux établissement de lecture publique. De bonnes idées sont proposées et si une bibliothèque patrimoniale possède des particularités évidentes, elle ne doit toutefois pas hésiter à faire son miel des propositions les plus diverses.
*Signalons enfin pour la bonne bouche, la très belle étude sociologique de David-Jonathan Benrubi, Et nous ? Enquête sur les consommations culturelles des personnes travaillant en bibliothèque (lectures, audiovisuel, culture numérique qui sera certainement très discutée et devrait permettre une approche plus rigoureuse de la question de l’identité de la profession.
La plupart de ces documents sont enfin placés sous licence CC BY-NC-ND, certes un peu restrictive (franchement, pourquoi refuser la diffusion commerciale ? Vous attendez vraiment des droits d’auteur pour vivre ?) mais qui montre une ouverture bienvenue aux problématiques de la diffusion de la recherche (il y a encore un an, la feuille de style mentionnait obligatoirement « droits réservés » et je n’avais pu que rajouter un petit encart au début de mon mémoire pour le placer sous licence CC).
Bravo à ces nouveaux collègues et bonne chance dans vos postes respectifs !
À la Toison d'or 
